02.11.2020 – Appel à la mobilisation : Les policiers vont-ils s’en sortir sans procès alors que la reconstitution des faits est accablante ?

Le 7 mai 2018 Moïse Lamine Bangoura est tué par la police de Roulers à son domicile. Ce jour-là, Lamine Bangoura reçoit une visite domiciliaire de huit policiers pour l’expulser de son appartement. À la suite d’une opération musclée pendant laquelle des violences oppressives au niveau du cou sont exercées sur le corps de Lamine qui est couché, celui-ci perd la vie.

Le Comité Justice Pour Lamine appelle à la mobilisation. Les policiers vont-ils s’en sortir sans procès alors que la reconstitution des faits est accablante ?

Jusqu’à présent aucun chef d’accusation n’a été retenu contre les policiers (non-lieu prononcé le 26 mai à Courtrai) qui le jour de la visite domiciliaire effectuée chez Lamine pour l’expulser de son appartement en raison d’un retard de paiement ont fait preuve d’une brutalité en acte, en complicité, en mensonge, en silence et en cynisme qui ne peut s’expliquer que si l’on prend en compte la variable négrophobe, la pulsion raciste et négrophobe qui a conduit Lamine à son décès.

Ci-dessous, un résumé de l’article du Morgen :

« Il fait semblant d’être mort » a dit un agent de police.
Sur base d’images qui ont été prises, de l’enregistrement audio (situation report) envoyé à la centrale de police et sur base des déclarations des policiers au Comité P, l’article de Samira Atillah et de Douglas De Coninck reconstitue minute après minute ce qui s’est passé le lundi 7 mai 2018.

En confrontant les sources, l’article révèle d’énormes contradictions entre les déclarations au Comité P et ce qui s’est passé : lorsque les policiers immobilisent Lamine, le mettent à terre, le menottent, encerclent le haut et le bas de son corps de sangles et se mettent à exercer une forte pression sur son thorax (à ce moment-là Lamine a déjà été saisi au niveau du cou par une prise genre « clé d’étranglement« ), Lamine ne représente absolument aucun danger pour l’intégrité physique des policiers. C’est pourtant ce que les policiers vont essayer de prétendre lors de leur déclaration au Comité P ; des déclarations qui sont faites un mois après les faits. Ils prétexteront un comportement menaçant à l’aide d’un couteau de cuisine. Le narratif en termes de comportement agressif et menaçant sera repris par le juge de la Chambre de Conseil de Courtrai (non-lieu prononcé le 26 juin).

Les sources révèlent que lorsque l’ambulance est appelée, il n’est fait aucune mention aux ambulanciers des soins qu’il s’agira d’apporter à Lamine. Lorsque les ambulanciers arrivent, en réalité, Lamine est déjà mort. L’état d’agitation de Lamine que les policiers énoncent à plusieurs moments, notamment lorsqu’il faut appeler des renforts est totalement surévalué. Lorsque cet état d’agitation devient réel, c’est-à-dire qu’il résulte des pressions asphyxiantes exercées sur son corps, les policiers n’interviennent pas. Ils ne font rien pour faire en sorte de réanimer Lamine. Alors que Lamine est en train de partir, les policier continuent à fantasmer sont état (« Il fait semblant de mourir » dit un policier). L’état de Lamine n’est a aucun moment perçu pour ce qu’il est.

Le juge du Conseil de Courtrai prononce un non-lieu prétextant que l’usage de la force a été proportionnel à l’agitation de Lamine ; celui-ci serait sous l’emprise de stupéfiants (qui se révéleront des traces insignifiantes). L’autopsie montre pourtant bien que Lamine est mort d’asphyxie de contention : « asphyxie chez une personne fixe dans un état agité« . Selon les pathologistes, la suffocation peut-être déduite de « quelques petites contusions dans la structure du larynx« . Ces résultats indiquent une violence mécanique (limitée) au niveau de la gorge. Les médecins légistes écrivent : « C’est un phénomène bien connu que la contention physique des personnes agitées peut s’accompagner d’un taux de mortalité très élevé« .

Les audios indiquent qu’il régnait au domicile de Lamine une situation de non-droit : les policiers ne répondent plus aux appels de la centrale pendant de longues minutes, ils exercent une pression thoracique très longue sur le corps de Lamine contraire aux prescrits méthodologiques formulés par les formations de la police, ils appellent la croix bleue pour se débarrasser du chien avant même que Lamine ne soit déclaré mort. Les comportements des policiers affichent un cynisme choquant s’exprimant par des rires et par un sadisme évident « On appellerait pas le corbillard tant qu’on y est ? » dit un policier au moment où ils appellent la croix bleue.

Il est clair que les policiers agissent en âme et conscience dans un rapport qui est raciste. Les déclarations supposées décrire le comportement de Lamine transpire de ce racisme : « Il a sauté de nulle part sur le siège. A ce moment, j’ai vu qu’il tenait un couteau dans sa main droite ; la lame était dans la direction de son poignet, son avant-bras. Je vois cela et je crie « arme » à mes collègues, sans dire que c’était spécifiquement un couteau. Je suis sorti immédiatement pour me mettre à l’abri« . Comme le souligne les deux journalistes, cette scène qui est racontée au Comité P (un mois après leur crime) est irréaliste. Elle n’est, d’une part, pas transmise à la centrale. D’autre part, à 11:50 le couteau n’est absolument plus un problème. Il est dans une autre pièce, tout comme le chien est dans le jardin et ce bien avant que les policiers se mettent à maîtriser Lamine.

Le corps de Lamine est encore toujours à la morgue. La famille n’a pas encore pu effectuer son deuil. Il semblerait qu’un chantage ait été exercé sur les parents de Lamine : celui de la libération du corps de Lamine en échange d’un abandon des poursuites contre les policiers. Le 10 novembre, en chambre des mises en accusation de Gand l’avocat de la famille, maître Alexis Deswaef, va plaider le renvoi des policiers en correctionnelle.

Le 10 novembre, la famille Bangoura aura besoin de notre soutien pour que le crime commis ne soit pas laissé sans jugement. En soutien à la famille Bangoura, nous vous invitons à vous montrer présents devant le Tribunal de Gand dans le respect des règles de distanciation sociale et des gestes barrières.

  • RDV devant la Chambre des Mises en accusation de Gand à 14h.
  • Adresse : Koophandelplein 21
  • Itinéraire : Depuis la gare de Gand St-Pierre, prendre le tram 1 direction centre ville (Evergem Brielken) et descendre au 6ème arrêt Korte Meer. Le Tribunal se trouve à 100 mètres.

IMAGES DE L’ASSASSINAT DE LAMINE

Attention, les images que contient ce montage vidéo-son réalisé par les deux journalistes de De Morgen (Samira Atillah et Douglas De Coninck) et publiées aujourd’hui lundi 2 novembre 2020 sont très dures.

Il s’agit de les diffuser non pas pour provoquer de sensationnalisme autour de la mort de Lamine mais pour que la vérité des circonstances de sa mort soit révélée et pour que cessent les intimidations et les mensonges autour de ce qui s’est passé le 7 mai 2018.

Ces images ont été prises par le serrurier présent lors des faits qui à l’inverses des autres acteurs-témoins a senti la nécessité de réagir en prenant son téléphone et en filmant une partie de la scène.

[Voir aussi la video]

[Source : Comité Justice pour Lamine sur IndyMedia BXL]